La fermeture résidentielle: Recompositions urbaines, pratiques et représentations.

Ce blog a pour finalité de présenter mes travaux de recherche et leur avancement au fil des trois années de thèse au sein du laboratoire ART-Dév de l'Université Montpellier III.

Cassandre DEWINTRE, Monitrice allocataire MENRT, Université Montpellier III

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Terrains d’étude


- Dans l’optique de saisir de manière pertinente les effets de contexte, sociétaux et de territoire, il s’agira de mettre en perspective deux terrains d’étude comparatifs, deux agglomérations en France et au Maroc, à savoir Montpellier et Marrakech. Nous avons formulé l’hypothèse que l’approche comparatiste permettait la meilleure appréhension d’un phénomène dans sa diversité.

- En effet, c’est en éclairant les convergences et les spécificités relevant des contextes locaux9, ainsi qu’en faisant émerger des questionnements nouveaux, que l’on pourra replacer la recherche du local au global, ce qu’un analyse sur un seul site ne permet pas. Ainsi, il est question d’observer, à travers les variations locales, facteur permis par cette étude comparative, les adaptations du phénomène de fermeture résidentielle aux multiples contextes économiques, culturels, politiques et urbains des deux agglomérations retenues pour la recherche.

- La confrontation de ces deux villes du « Nord » et du « Sud » repose néanmoins sur des caractéristiques comparables qui peuvent être rapprochées. Ces deux agglomérations méditerranéennes sont en effet toutes deux caractérisées par une forte pression autant démographique que touristique et sont entrées dans un processus de métropolisation faisant de celles-ci des villes puissantes et attractives. Leur croissance rapide et exponentielle est portée par des édiles très attentifs aux enjeux cruciaux que constituent l’internationalisation et la concurrence accrue qui se joue entre les différentes métropoles dans le monde.


- Outre cette image d’attractivité, ce deux agglomérations sont également comparables du fait de la présence et du développement sur leur territoire du processus d’étalement urbain, permettant notamment l’implantation privilégiée en périphérie urbaine de quartiers fermés. Ces caractéristiques justifient la pertinence du choix de ces deux agglomérations dans la construction d’une étude sur la fermeture résidentielle. Elles s’accompagnent des contextes locaux bien spécifiques ayant suscités l’intérêt de la recherche sur les enclaves résidentielles au niveau de ces deux territoires.

- En effet, l’agglomération montpelliéraine avec plus de 250 000 habitants représente la troisième ville française du sud de la France la plus touchée par le phénomène de fermeture résidentielle. Montpellier est une ville qui se ferme ; Nous avons envisagé une accélération dans cette ville de la privatisation de l'espace public du fait de la multiplication de nouvelles frontières physiques qui constituent la délimitation des résidences sécurisées. Officiellement non prônée, la valorisation de ce type de bâti est néanmoins un fait avéré. En effet, les projets de zone d'aménagement concerté (ZAC) ou de plan d'aménagement d'ensemble (PAE) impliquent quasi systématiquement la construction de résidences fermées et sécurisées. De plus, il a été question ces dernières années, via la forte croissance des populations et le besoin effectif en logements, d’une systématisation des enclaves résidentielles fermées en périphérie urbaine favorisée par les politiques urbaines, l’arrivée de promoteurs spécialisés dans ce type de construction, mais aussi favorisée par la conversion de nombreux promoteurs privés déjà présents dans l’agglomération à ce type de bâti. Cette systématisation des ensembles résidentiels fermés en zone urbaine et périurbaine reconfigure le plan de cette agglomération car la tendance notamment à la construction de lotissements post-construction entraine le blocage de voies, certes de statut privé, mais qui étaient d’usage public. Pour Montpellier, le développement du bâti collectif fermé en parallèle des lignes de transport et des artères principales de la ville est un phénomène récent, qui rend l'attractivité des résidences sécurisées plus forte et c'est sur cela que jouent de plus en plus les promoteurs pour vendre et multiplier leur chiffre d'affaire. C'est aussi l’apport denouvelles représentations et le renforcement de l'idéalisation de ce type de résidence : sécurisées, esthétiques, novatrices et bien desservies, qui favorise leur élaboration systématique. Cette reconfiguration des espaces urbains, les différentes transformations des quartiers montpelliérains via l’implantation et le développement de ce processus, mérite d’être interrogée et précisément mesurée.

- Marrakech ensuite, une ville qui compte plus d’un million d’habitants, connaît un développement important du phénomène. Les enclaves résidentielles fermées s’implantent préférentiellement dans le centre de la ville, la médina, via les fermetures progressives de nombreuses impasses dans un contexte de gentrification et de patrimonialisation. L’augmentation du prix du foncier et donc l’exclusion progressive des populations les plus pauvres en périphérie urbaine, dans les banlieues populaires, au profit de populations plus aisées, notamment européennes, est un élément qui a impulsé le développement du processus de fermeture résidentielle. Par ailleurs ces enclaves résidentielles s’implantent également en périphérie de la ville centre, dans la palmeraie. Erigée sous la dynastie des Almoravides, et couvrant plus de 13 000 ha, celle-ci est désormais menacée de disparition face à l’implantation sur son espace de nombreux complexes touristiques, des villas de luxe et bien-entendu d’ensembles résidentiels fermés regroupant clubs sportifs, piscines, restaurants, golfs, réservés essentiellement aux touristes et donc aux populations étrangères ou encore à des catégories sociales aisées pour qui l’emménagement dans cet espace fait figure de véritable ascension sociale. Espace touristique de premier plan, situé à 15 km du centre de Marrakech, et très attractive de par la tranquillité qu’elle offre à ses résidents, la palmeraie apparaît comme un espace à fort potentiel en matière de fermeture résidentielle. En décalage total avec d’anciens douars paupérisés situés à proximité, l’édification de ces nouveaux quartiers ou les politiques de renouvellement urbain observés dans le centre ville, marquent les nouveaux problèmes et questions soulevés par la métropolisation de la ville. Qu’il s’agisse de conflits d’usage autour de l’eau ou de l’appropriation de l’espace par les plus riches et notamment par des occidentaux à Marrakech, ou de conflits en lien avec la privatisation des espaces publics, les enjeux sont forts dans ces deux villes, à la fois sociaux et environnementaux.